L'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
En avril 1986, mon père a acheté une immense propriété dans les environs de Chambéry : une maison du XVIIIe siècle avec un parc entouré d'un haut mur, pleine d'histoire et de vie. Dans sa prodigalité, elle a été peuplée d'animaux de toute sorte, et surtout d'amis nombreux. Il m'a acheté des chevaux, sur un coup de tête (mes pauvres vieux chevaux...).
À la même époque, je suis rentré au collège, et j'ai été immédiatement en butte à la haine des autres : des profs qui m'humiliaient et des élèves qui m'insultaient. J'étais sans doute ce qu'ils n'étaient pas. Et ils savaient sans doute avant moi ce que j'étais. Et un petit caïd de l'école, petit, laid et zozotant, Stéphane Marteau, m'a surnommé "Choupette, la petite tapette". Tout le monde a repris cette antienne. Et les enseignants, pauvres hères engoncés dans leur catholicisme ridicule, ont laissé faire. Quatre ans d'humiliations et de pleurs. Un jour, j'en ai parlé à ma mère, que je n'étais aux yeux des autres qu'une "tapette". Comme toujours, au lieu de prendre immédiatement rendez-vous avec ceux qui auraient pu y faire quelque chose, elle en a parlé à mon père. Il a d'abord été paternel (ce qui lui arrive une fois tous les 10 ans). Et un jour au cours d'une querelle, il m'a, à son tour, traité de tapette. J'étais la tapette, le pédé... à la fois à l'école et à la maison.
Mais. Nous avions une maison immense, un parc, des bois... donc je m'évadais entre les hauts-murs, avec mes chevaux et les rares amis de cette époque. Je vivais très mal toutes ces insultes, mais j'avais ce cocon dans lequel je me réfugiais. Je me suis blindé et écorché.
Au début de l'année 1996, mon père nous a caché qu'il avait d'énormes problèmes financiers. Et les huissiers ont débarqué. La Maison a dû être vendue en avril 1996, le 30 je crois.
Je suis parti avant, je n'ai dit au revoir à rien de ce qui avait été ma protection pendant ces 10 ans. J'étais nu. Par haine pour mon père, pour son incapacité à me protéger, je suis partir vivre mon année de Terminale chez ma Grand'Mère maternelle. L'année a été difficile, parce que ma Grand'Mère était dure à vivre et moi aussi.
J'ai commencé à fréquenter amicalement un garçon avec qui j'étais depuis le collège, et qui avait toujours été mon amour secret : Mathias B. Nous avons été amis. Et je suis tombé encore plus amoureux de lui. Cette protection, cet amour que je portais à notre maison, je l'ai reporté sur ce mec, qui était totalement paumé. Il en a usé et abusé, mais je crois qu'il était sérieusement ambigu lui aussi. Il savait que je l'aimais. Mais lui il n'acceptait pas ce côté-là chez lui.
Encore des écorchures. J'ai commencé la fac. Je me rappelle avoir travaillé mes premiers cours chez lui qui avait raté son bac. Et puis une grosse querelle a éclaté. Je ne sais plus pourquoi. Et j'ai décidé de tout planter, que je n'en pouvais plus. Je me suis jeté à fond dans mes études.
J'ai rencontré H., 6 ans de couple, mais je ne l'aimais pas ; je l'aimais bien, et c'est tout. Il ne m'apportait pas ce dont j'avais besoin.
Puis Th., mieux, je l'ai aimé, mais il était trop jeune, et moi je n'assumais pas mon homosexualité, même s'il m'a beaucoup aidé pour ça.
J'ai rencontré P. sur le net ; je suis allé vivre avec lui à Paris, plantant tout derrière moi : au bout d'un an, pars, je ne t'aime plus. Depuis, plus jamais eu de nouvelles.
8 mois de célibat, de merde, de sans intérêt, de tristesse, de plans foireux...
Et puis... Et puis... Une photo sur le net, un garçon timide, peu sûr de lui... adorable de naïveté. On est sorti ensemble, un peu vite, mais pourquoi aller doucement. 6 mois de vie commune, il n'avait pas d'appart', je pensais que la situation se pérèniserait. Et puis non. Alors, de dépit, j'ai déconné avec d'autres mecs. Et il me dit qu'il ne s'en est jamais remis.
Alors, dimanche, pour une fois encore, il m'a largué, mon coeur saigne. Il a demandé que je lui fasse passer ses clés. Il m'a poignardé une nouvelle fois en plein coeur.
Trouble in mind, I'm blue,
But I won't be blue always
The sun will shine
In my back door some day.
Trouble in mind, that's true,
I have almost lost my mind.
Life ain't worth living,
Sometimes I feel like dying.
I'm gonna lay my head
On some lonesome railroad line,
Let the 2:19 train
Ease my trouble in mind.
Trouble, oh trouble
Trouble's on your worried mind.
When you see me laughing, baby,
I'm laughing just to keep from crying.
I'm going down to the river
I'm gonna take my old rocking chair
And if those blues overtake me,
I'm gonna rock on away from there.
Trouble in mind, I'm blue,
My poor heart is beating slow.
Never had no trouble
In my life before.
Never had no trouble
In my life before.